Des injonctions contradictoires à la nécessité de l’incarnation
La mise en place d’une stratégie cohérente dite ESG doit se confronter à plusieurs injonctions paradoxales et des freins au niveau de l’individu, du département, de l’organisation et de l’écosystème qui empêche d’avancer.
Nous pouvons regrouper ces injonctions en quelques grandes catégories.
Le collaborateur à son niveau se sent souvent peu autonome et peu incité à prendre ce qui est souvent perçu comme une charge supplémentaire. Bien souvent la mise en place de projets ESG se traduit par un besoin de remontées de données, décoder un environnement réglementaire complexe alors qu’on s’attend plus à conduire des vrais projets de transformation voire de transition. Trop de KPIs, d’indicateurs et de normes empêchent d’avoir le recul nécessaire pour réfléchir au réel ROI des mesures ESG, ces mesures restant très compliquées à lire et déchiffrer pour les néophytes et se traduisant même par une perte de confiance sur la qualité de ces données extra-financières de la part des consommateurs et dirigeants.
La RSE doit être considérée comme le cœur de la stratégie de l’entreprise et malheureusement elle n’est souvent pas incarnée dans tous les départements et par la direction. Les sujets sont écosystémiques et la création d’espace d’échange, de partage et d’actions entre compétiteurs restent difficiles. Le régulateur n’arrive pas à collaborer avec les acteurs économiques prenant des mesures pouvant pénaliser les propres acteurs qu’il cherche à aider (cf la loi AGEC en France ou la définition de seuil de pollution).
L’écosystème ESG est complexe à naviguer entre le trop-plein de labels et de pseudo-experts.
La question centrale restant la prise en compte de l’intérêt général et repenser la croissance économique.
Le grand 8 des bonnes pratiques
Les bonnes pratiques à mettre en place reflètent ce que toutes les différentes parties prenantes attendent aujourd’hui d’une entreprise favorisant l’expression d’un engagement à la fois ‘bottom-up’ et ‘top-down’. Nous pouvons résumer ces bonnes pratiques évoquées lors de la table ronde en quelques actions clés :
- 1- Encouragement de l’Initiative : Instaurer une culture d’entreprise qui valorise et récompense l’initiative individuelle, à l’instar du programme B Green d’IBM, favorisant l’engagement des employés pour la planète.
- 2- Volontariat et Rémunération: Maintenir les salaires durant le volontariat et envisager la redirection des primes vers des causes environnementales ou sociales en accord avec la mission de l’entreprise pour renforcer l’engagement des collaborateurs.
- 3- Objectifs Équilibrés: Diversifier les critères de rémunération incitative pour inclure des objectifs extra-financiers, en les rendant accessibles à tous les niveaux de l’organisation, pas seulement à la direction.
- 4- Incitations Écologiques: Mettre en œuvre des mesures incitatives financières pour promouvoir le co-voiturage et l’utilisation de vélos, afin d’encourager des pratiques de transport durables parmi les employés.
- 5- Comité RSE Dynamique: Établir un comité RSE rotatif pour partager les connaissances et bonnes pratiques à travers l’entreprise, assurant une diffusion et une appropriation large de la démarche RSE.
- 6-Intégration de la RSE : Aligner les initiatives RSE avec les politiques existantes telles que le code éthique et les procédures d’achat, pour une intégration cohérente et efficace.
- 7- Nomination d’un référent RSE : Désigner un responsable RSE pour piloter, coordonner et donner de la visibilité aux initiatives de développement durable dans chaque département au sein de l’entreprise.
- 8- Formation du Top Management : Sensibiliser et former les hauts dirigeants sur les enjeux de la RSE, afin qu’ils puissent diriger par l’exemple et soutenir activement les initiatives.
Ces mesures peuvent se résumer autour d’un axe clé et prioritaire qui est le ‘sens’. Les dirigeants aujourd’hui doivent non seulement développer un chemin cohérent permettant de remplir la mission de l’entreprise mais d’incarner cette mission pour lui donner du sens.
La stratégie RSE ne doit pas être subie mais doit être fortement incarnée par les dirigeants et laisser émerger voire recruter des nouveaux talents tout en respectant les enjeux environnementaux actuels et à venir.