Il était une fois le Wrexham AFC, club de foot devenu attraction Disney

Il était une fois le Wrexham AFC, club de foot devenu attraction Disney

C’est l’histoire d’un des plus vieux clubs de football du monde, tombé dans l’oubli et réanimé par deux vedettes d’Hollywood : Ryan Reynolds et Rob McElhenney. Racheté par les deux stars, le petit club gallois du Wrexham AFC renoue avec le succès sportif et attire à lui les projecteurs de Disney.

La saison de l’un des plus anciens clubs de football du monde restera mémorable. L’équipe masculine de Wrexham a remporté le titre de National League et a été promue en League Two, la quatrième division anglaise.

Même si l’on est encore loin des sommets vertigineux de la Premier League, les supporters de Wrexham et les célèbres propriétaires du club, les acteurs Ryan Reynolds et Rob McElhenney, ont accueilli ce succès avec la joie qu’il mérite.

Le Wrexham AFC et l’effet Flash McQueen

Pour deux millions de livres sterling (un peu plus de deux millions d’euros), le duo hollywoodien s’est offert le Wrexham Association Football Club (AFC) en 2021 et a inondé ce petit coin d’adoption du nord du Pays de Galles de tout tout le glamour californien. Le club fait même maintenant l’objet d’une série documentaire diffusée en continu sur la plateforme de streaming Disney+.


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Mais c’est une autre production célèbre de Disney qui nous est venue à l’esprit en considérant ce conte de fées moderne sur le football : le célèbre dessin animé Cars, dans lequel une grande star se retrouve à vivre dans une petite ville de province.

La star en question, Flash McQueen, finit par tomber amoureux de la ville de Radiator Springs et incite ses nouveaux voisins à rêver grand. Cars raconte l’histoire du grand rêve américain, selon lequel tout le monde peut atteindre le sommet, et souligne l’importance d’un lieu et de ses habitants.

Ryan Reynolds en super-héros

Dans la version réelle qui se déroule dans le nord du Pays de Galles, Ryan Reynolds joue le rôle principal, et Wrexham celui de Radiator Springs. Mais leur histoire illustre également certains des changements profonds qui s’opèrent dans le football professionnel, où taper dans un ballon sur un terrain est devenu une industrie lucrative impliquant des stratégies de marketing, des partenariats avec les médias et des opportunités commerciales.

Le Wrexham AFC a une longue histoire et des supporters fidèles. Mais récemment, il a connu des temps difficiles et s’est enfoncé dans les bas-fonds des ligues professionnelles anglaises. Dans les années 2000, le club a passé près de deux ans sous tutelle administrative et, en 2011, il a même fait l’objet d’une ordonnance de mise en liquidation pour ne pas avoir payé ses impôts.

Le sauveur hollywoodien du club, Ryan Reynolds, notamment connu pour avoir incarné le super-héros Deadpool, est arrivé à un moment où l’on avait besoin de lui. Il a également prouvé qu’il n’était pas dupe dans le monde des affaires. Si son objectif était d’extraire une valeur commerciale et financière du football grâce à une gestion astucieuse et à son expérience dans le domaine du divertissement, son bilan est d’ores et déjà impressionnant.

Disneyfication en série

Wrexham s’est attiré l’attention du monde entier et a conclu de nouveaux contrats de sponsoring. Ryan Reynolds parle même maintenant de créer un réseau de franchises sportives et est passé du statut d’observateur impassible du football à celui d’amoureux du jeu et de Wrexham.

Rob McElhenney et lui sont les vedettes de Welcome to Wrexham, la série de Disney+ qui affirme que les acteurs « apportent de l’espoir et du changement à une communauté qui en a besoin ». On estime que chaque épisode génère environ 430 000 livres sterling (près de 500 000 euros) pour le club et ses propriétaires.

Une partie du succès de Wrexham porte donc la marque de ce que l’on appelle la « disneyfication », c’est-à-dire la création de divertissements sentimentalement convaincants pour des publics de masse dans tous les domaines, du sport à la nature en passant par les contes pour enfants. La « disneyfication » est souvent considérée comme synonyme de mondialisation, de commercialisation et de réification, et les recherches montrent qu’elle présente certaines caractéristiques essentielles.

De Disney à TikTok

La première, connue sous le nom de « thématisation », consiste à placer une institution dans un récit qui n’a, pour l’essentiel, rien à voir avec son objectif initial. Le Wrexham AFC a été créé en 1864 et, pendant la majeure partie de son existence, n’a jamais fait l’objet d’un contenu numérique déchirant pour une entreprise de divertissement américaine et deux acteurs hollywoodiens. Les joueurs ont cessé de taper simplement dans un ballon pour devenir les acteurs d’un drame diffusé en continu dans le monde entier.


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Une autre composante de la « disneyfication » est la « consommation hybride », qui consiste à attirer des fans et des consommateurs potentiels par divers moyens commerciaux. Dans le cas de Wrexham, cela a commencé par la possession d’un stade assez grand pour accueillir 10 000 spectateurs. Sans compter les 319 000 personnes qui ont regardé le premier épisode de Welcome to Wrexham, et le million de followers du compte TikTok du club.

La « disneyfication » exige également que l’on se concentre sur la vente de produits. À cette fin, le logo de TikTok est apparu sur les maillots de Wrexham, principal produit dérivé du club. Visitez la boutique en ligne de Wrexham et vous verrez même des maillots portant le logo d’Aviation Gin, une entreprise d’alcool dans laquelle Ryan Reynolds a une participation.

La querelle des anciens et des modernes

Les amateurs de football les plus traditionnels redoutent l’influence que les propriétaires de Wrexham exercent sur le sport et sur le club, et craignent que la « disneyfication » n’atteigne désormais les ligues inférieures et le sommet du football anglais. Certains redoutent que le Racecourse Ground, l’antre du club, devienne plus un parc à thème qu’un stade de football.

Malgré tout, la « disneyfication » de Wrexham est en train de changer la ville, un peu comme l’influence de Flash McQueen sur Radiator Springs. Le nombre de visiteurs a grimpé en flèche et le succès du club commence à avoir un impact économique local tangible : les réservations de chambres d’hôtel et les ventes de bière explosent.

À l’instar des attractions de Disney dans le monde entier, un petit club de football s’avère capable de générer des retours financiers et un soupçon de fantaisie. Cette ville provinciale du nord du Pays de Galles tient entre ses pieds une version Disney du rêve américain et peut désormais en profiter.

Cet article a initialement été publié sur The Conversation.

Simon Chadwick

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